Singapour, mardi 23 août 2011 (J+9)
Qu'est ce qu'une femme d'expat' ? Ne nous leurrons pas : c'est une femme au foyer avec des tongues, une piscine et un « helper » (j'ai appris le mot politiquement correct à la place de « maid » mais les fonctionnalités esclavagistes restent les mêmes). Donc une femme qui a du temps, voire qui se fait chier. A noter, que je ne suis pas encore tout à fait une femme d'expat', même si je suis à mon grand drame désormais mariée, je suis tjrs en quête de la fameuse helper qui balaiera mes 300m2 à ma place et m'évitera du coup de perdre 4 litres de sueur chaque matin à cet exercice laborieux.
Bref, une femme d'expat' doit s'occuper, même avec 3 monkeys. Car chaleur conjuguée à piscine intensive permettent de faire dormir les fauves au moins 2 heures chaque aprem, en version synchronisée en plus.
Donc, 1er exercice : régler les formalités administratives
Arno a l'air persuadé que j'y prends un certain plaisir... A noter que cet exercice là à Singapour réduit considérablement toute possibilité de conjuguer avec l'exercice n°2 (se faire des copines), car tout se passe derrière votre PC. Vous dialoguez en ligne avec Big Brother, dotés de votre Singpass, ce numéro d'identification personnel, qui vous permet de tout faire en lien avec les autorités. Outils indispensables : un téléphone mobile local et une imprimante scanner. Et en route pour une séance de elearning de formation d'employeur.
L'ambassade de France s'y est d'ailleurs mis. Plus besoin de découvrir les ors de la République dans l'île, hop, formulaire on line, qq scanns et vous voilà sur les registres consulaires. Et sur les listes électorales. C'est que, pour mémoire, notre secrétaire d'Etat de tutelle, c'est Mr Douillet ; s'il venait à passer par là, faudrait pas rater la réception Ferrero. Ni oublier de voter pour Mariani, notre député oversea (11e circonscription), aux prochaines élections législatives. Pas de commentaire sur les présidentielles, je suis déjà à la limite de l'expulsion de ma jolie dictature fleurie.
2e exercice : se faire des copines
Grande question de Charlotte : « mais maman, pourquoi tu parles à tout le monde ? » « mais mon monkey chéri, parce que tes histoires de poney 10h par jour, ça me saoûle un peu tu vois ! » . J'ai donc pris contact avec l'association des français de Singapour, le réseau des femmes françaises qui cherchent du travail à Singapour (même si moi j'en cherche pas), le groupe yahoo des mamans de Singapour, et ouvert un open bar Tiger (=bière locale) / grenadine à la piscine de la résidence.
Le but : parler à un adulte, et encore mieux, un qui m'appelle par mon prénom et non « ma'am ».
Bref, jeudi, mon amie virtuelle, Anne, rencontrée sur le forum Yahoo,où elle avait l'air autant désemparée que moi par les questions d'allaitement et de suites de couche, vient goûter à la maison avec ses 3 monkeys à elle. Qui portent presque les mêmes prénoms que les miens. Ca nous fait déjà 2 points communs + celui d'être assez esseulée pour traverser la ville et goûter avec qqn que tu ne connais pas.
A suivre...
3e exercice : écrire un journal de bord...
... à destination des copines restées à la maison et les faire suffisamment baver pour qu'elles mettent du fric de côté et viennent nous voir (Thalès n'ayant malheureusement pas encore inclus ce financement solidaire dans sa généreuse convention d'expatriation)
ou pour abreuver suffisamment les grands-parents de nouvelles pour que eux n'aient pas besoin de venir nous voir (je rigole !!!!!).
Concluez-en donc que la fréquence élevée de ce journal de bord est avant tout lié à ma très faible activité sociale, à mon néant professionnel, et qu'il sert avant tout à maintenir en vie mes qq neurones encore préservés par la chaleur ambiante.
Quand la fréquence diminuera, dites-vous que le 2e exercice est sans doute devenu concluant, voire que j'ai définitivement quitté le statut de femme d'expat' pour celui de « local worker », avec mes 12 jours de congés payés annuels, mes 0 RTT, et mes galères de transport urbain (pitié, faites en sorte que je ne trouve pas un job à Changi !).
Et que là j'aurai vraiment pas que ça à foutre d'écrire un journal de bord.