Singapour, dimanche 10 juin 2012 (J+306)

Publié le par journaldebordmadeinsingapour

Week-end drogue et sociologie. drogue.jpg
L’agence pour laquelle je bosse désormais est en short list pour le budget web du Bureau Central des Narcotiques de Singapour. Le projet un peu bidon que j’avais bossé dans la solitude de mon petit bureau climatisé il y a 15 jours doit donc être défendu devant le gouvernement singapourien pour me laisser espérer un salaire décent, voire sympathique, sur les 12 prochains mois. Sauf que de fait, je ne connais rien de rien à la situation de la drogue à Singapour, si ce n’est qu’il ne vaut mieux pas y toucher, en parler, ni même y songer.
Le pays est un des plus restrictifs au monde sur le sujet, appliquant encore régulièrement la peine de mort pour des dealers (plusieurs fois par an, même si pas en 2011 étonnamment). Elle est même la sentence obligatoire pour le trafic de 15 grammes ou plus d'héroïne, de 30 grammes de cocaïne
ou de 500 grammes de cannabis.  
En dépit des critiques récurrentes des associations de défense des droits de l’Homme, il n’y a pratiquement aucun débat public sur la peine de mort dans le pays, en particulier sur les sujets relatifs à la drogue. Selon le journal
Straits Times , 95 % des Singapouriens seraient même partisans de la peine de mort. Entre nous, je ne suis pas allée demander à mes voisins… Quand je vois fleurir les débats sur Duflot ministre et la France qui parle de légalisation, les 12 000 kilomètres se font bien sentir.
Bref, tout ça pour dire qu’il a bien fallu aller se renseigner sur les us et coutumes en matière de stupéfiants avant la case prison de Changi. Me voilà partie faire mon enquête sociologique auprès des (grands) enfants de mes copines, des copines médecins de mes copines, de mon voisin tatoué (qui dit tatoué ne dit pas drogué, j’entends bien), voir des collègues fêtards de ces Français qui bossent dans mon entourage proche.
Et là c’est le bide : mes sources se recoupent et apparemment le Singapourien ne se drogue pas. Ou très peu, très marginalement, et complètement planqué dans sa karaoké room. Et là on parle de cannabis, alors imaginez le reste…
 
Donc ils ne se droguent pas, mais qu’est-ce qu’ils boivent. Mes grands témoins sont unanimes : le Singapourien en soirée, qu’il soit chinois, malais ou indien, se met systématiquement minable et finit par vomir sur le trottoir (ou sur le dance floor d’après certains témoignages). Alors moi je demande à ces messieurs du gouvernement singapourien : à quand la peine de mort pour hyper-alcoolémie ? Nan, j’déconne…
 
Et sinon, à part se bourrer la gueule, il fait quoi le YS (=le jeune singapourien - Y pour génération Y et S de Singapore, off course) ? Et là, l’abime culturel s’ouvre.
Le YS fait du shopping (ok, là on connait), mais à toute heure du jour et de la nuit, sans forcément acheter d’ailleurs mais en traquant la bonne affaire ou le truc gratuit.
Il joue en réseau, à 5, 10 ou 200, pendant 1, 2h ou la nuit entière, dans des salles géantes dédiées à ce drôle de sport.
Il fait du karaoke sur le la K-pop (Korean Pop – y’a même une dizaine de chaines TV qui ne se consacrent qu’à cette horreur musicale, avec des clones des Tokyo Hotel aux yeux réellement bridés à toute heure).
Il regarde le foot et soutient Manchester United. Ca doit être un héritage culturel, comme le thé.
Et encore mieux, le YS fait du
cosplay . Il se déguise, de préférence en personnage de mangas ou en écolière japonaise à petite culotte brodée. Et il rejoint ses autres amis YS cosplayers  dans d’immenses rassemblements. Pendant lesquels ils se prennent en photos et se bourrent la gueule. En toute légalité.
 
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